Un peintre romantique


Un tableau gigantesque

1. 14 août 1812, Cours du Palais-Royal à Paris, un gigantesque tableau attire l'attention du public qui, comme tous les ans, se masse nombreux pour assister au Salon de la Peinture et de la Sculpture. Le tableau représente un officier de chasseurs juché sur un cheval cabré qui, sabre au clair , se retourne pour commander la charge de ses troupes.

Un tableau sensationnel

2. Le tableau fait sensation, non seulement par ses dimensions (293 x 194 cm) et son côté héroïque , mais surtout parce qu'il est d'un jeune peintre totalement inconnu qui expose pour la première fois au Salon. Il s'appelle Théodore Géricault. Il a 22 ans. Il vient de Rouen, une ville normande.

La peinture et les chevaux

3. Géricault a deux passions: la peinture et les chevaux. Rien d'étonnant à ce que sa première grande toile représente un cheval. L'officier qui monte est un soldat de la Grande Armée de l'empereur Napoléon 1er. C'est en se promenant dans la rue que Géricault a eu l'idée de cette peinture. Un jour, il vit un cheval gris, attelé à une voiture, se cabrer dans la poussière sous un soleil éclatant. «Quelle beauté ! ce cheval cabré» s'est-il dit et aussitôt il se mit au travail.

Médaille d'or

4. Géricault obtient pour cette peinture la médaille d'or du Salon mais … ne trouve pas d'acheteur. Cependant, il ne se décourage pas. Il est issu d'une famille riche et peut se permettre de ne pas vendre ses toiles. Grand admirateur des grands maîtres qu'il a souvent copiés au Louvre, Géricault décide d'entreprendre un long voyage en Italie, la patrie des peintres.

Rome

5. C'est ainsi qu'en 1816, il arrive à Rome et est encore plus impressionné qu'il ne s'y attendait. «Quelles merveilles les œuvres de Raphaël, de Titien, de Caravage!» s'écrie-t-il en les découvrant. Mais le peintre qu'il admire le plus est sans aucun doute Michel-Ange lorsqu'il voit ses fameuses fresques de la Chapelle Sixtine. Géricault réalise qu'il a encore beaucoup de progrès à faire dans ses dessins pour égaler le maître de la Renaissance.

Etre à tout prix à la mode

6. Géricault revient à Paris avec deux magnifiques toiles, représentant des courses romaines de chevaux, mais une nouvelle déception l'attend. La mode a changé. Ce qui plaît maintenant en matière de peinture ce sont moins les scènes historiques avec des chevaux et des soldats que les sujets d'actualité.

Le radeau de la Méduse

7. Un dramatique fait divers va lui fournir une occasion en or de se mettre au goût du jour. Le 2 juillet 1816, une frégate française, portant le nom de La Méduse, a fait naufrage au large des côtes africaines. Géricault apprend que les hommes à bord tentèrent de survivre en construisant un radeau. Malheureusement, la faim, la soif et l'épuisement eurent raison de la plupart d'entre eux. Sur les 395 personnes à bord de La Méduse, seules 15 survécurent. Géricault tient son sujet d'actualité. Il va raconter avec ses pinceaux ce terrible drame.

Un tableau dramatique

8. Géricault se met au travail avec minutie et acharnement. Il construit une maquette du radeau, sculpte des personnages en cire et interroge les survivants pour connaître les détails. Puis il se met à dessiner et peindre. Et c'est ainsi qu'en 1819, il présente une toile phénoménale de 491 × 716 cm d'une intensité dramatique rarement vue auparavant. Tout y est: l'horreur des cadavres décomposés, la tristesse d'un père devant son enfant mort, la violence des éléments mais aussi une lueur d'espoir sous la forme d'un petit point éclairé à l'horizon représentant le navire anglais qui vient sauver les survivants.