1. «Le Vendredi Saint de l'année 1520, jour où mon ami Raphaël est mort à l'âge de 37 ans, j'ai pleuré. Le pape aussi a pleuré, ce qui est remarquable. Tous les amis de Raphaël ont pleuré et ils étaient nombreux! Le monde entier a pleuré la disparition de Raphaël, ce peintre exceptionnel dont l'œuvre sera, à jamais, synonyme de douceur, de beauté et de tendresse.»
2. Ainsi parle un des hommes les plus connus de la Renaissance italienne du Cinquecento , Balthazar Castiglione dont Raphaël fit le portrait vers 1514 et qui fut le meilleur ami du peintre. Mais qui était Raphaël? Quelle image gardons-nous de lui ?
3. De siècle en siècle, s'est transmise l'image d'un être admirable qui sut se faire aimer de tous; l'image d'un artiste exceptionnel, l'un des trois géants de son temps avec Léonard de Vinci et Michel-Ange; l'image d'un peintre classique et inventif; l'image enfin d'un homme simple. Mais derrière la légende, que reste-t-il de Raphaël? Il y a ces visages qu'il a laissés au monde : les tendres Vierges, Balthasar Castiglione, l'héroïque Saint Georges.
4. Raffaello Santi naît le 6 avril 1483 à Urbino, une ville italienne où s'épanouit la culture. Son père, Giovanni di Sante di Piero, est peintre lui aussi. C'est la grande époque de la Renaissance italienne. Sandro Botticelli a 38 ans, Léonard de Vinci en a 31 et Michel-Ange, 8 ans. Selon la tradition en usage dans l'Italie du 15ème siècle, Raphaël apprend dès son plus jeune âge la peinture dans l'atelier de son père, qu'il assiste en broyant ses couleurs et en lavant ses pinceaux.
5. Mais c'est dans l'atelier du peintre Pietro Vanucci, dit le Pérugin, un des peintres les plus connus de l'époque, que Raphaël apprend réellement son métier. Il y réussit tellement bien que, bientôt, il devient impossible de distinguer les œuvres de Pérugin de celles de Raphaël. En peu de temps, l'élève a dépassé le maître.
6. En 1504, Raphaël a fini son apprentissage. Il décide d'installer son atelier à Florence. Ses premières toiles le font immédiatement remarquer. A Rome, le pape a entendu parler de Raphaël. En 1508, il le fait venir pour travailler au Vatican. Ce jeune homme de 25 ans fascine tellement Jules II qu'il renvoie tous les autres peintres pour ne garder que Raphaël. La cour papale a tôt fait de reconnaître dans ces fresques magnifiques l'expression du génie.
7. A Rome, tout le monde veut posséder un tableau de Raphaël. Les commandes sont nombreuses. Il est difficile de refuser et Raphaël est épuisé. En 1520, alors qu'il allait se marier, Raphaël est si fatigué qu'il rentre précipitamment chez lui, avec une terrible fièvre. Une semaine plus tard, il meurt. Son corps est transporté dans la salle où, quelques jours plus tôt, il travaillait encore.
8. Près de sa tête, on place son dernier chef-d'œuvre, la Transfiguration, qu'il a réalisée pour le cardinal Jules de Médicis. Pour rendre hommage à son génie, le pape et sa cour prennent le deuil, un honneur réservé d'ordinaire aux papes et à certains hommes d'Etat. Plusieurs siècles plus tard, le grand peintre français Eugène Delacroix affirma que le simple nom de Raphaël « rappelle à l'esprit tout ce qu'il y a de plus élevé dans la peinture ».