1. Des ruisseaux qui se faufilent entre les pierres; des chemins qui filent droit entre deux rangées de feuillus; une barque abandonnée; un cygne glissant doucement sur l'eau calme d'un lac; un chemin qui ne même nulle part; une lumière aussi mystérieuse que silencieuse … Où sommes-nous ? Dans une peinture de Ferdinand Hodler. Qui est ce peintre?
2. Ferdinand Hodler est un peintre suisse. Il est même LE peintre suisse le plus connu à l'étranger. Fils d'un menuisier, Ferdinand Hodler naît dans un quartier pauvre de Berne le 14 mars 1853. Dès son plus jeune âge, il est attiré par le dessin et la peinture. Le dimanche, il gagne de l'argent en peignant des petites aquarelles pour les touristes. A cette époque, il n'y avait pas de cartes postales.
3. Mais le jeune Ferdinand s'ennuie à Berne. Il quitte sa ville natale et s'installe à Genève. Il découvre avec plaisir les peintres genevois du musée Rath : Calame et Diday. C'est là qu'il fait la connaissance de Barthélemy Menn, un ami de Corot et de Delacroix, deux peintres français célèbres. Menn reconnaît le talent d'Hodler et l'invite à entrer dans sa classe de peinture de l'Académie des arts. Ferdinand travaille bien mais malheureusement, sa peinture ne se vend pas. Il peint des gens simples et pauvres ou des paysages. Sans succès. Les Genevois n'aiment pas sa peinture remplie de symboles qu'ils ne comprennent pas. Hodler connaît la plus grande misère.
4. En 1891, Ferdinand expose une étrange toile intitulée la Nuit. Un immense tableau représentant plusieurs dormeurs nus, dont l'un, réveillé et les yeux remplis de peur, tente de repousser une forme mystérieuse recouverte d'un drap noir. Cette toile symbolisant la mort ne plaît pas et les autorités interdisent à Hodler de l'exposer à Genève. Il décide alors de la présenter à Paris.
5. C'est un grand succès. Les Parisiens font la queue pour découvrir cette immense œuvre. Hodler gagne de l'argent pour la première fois de sa vie. Il a trouvé sa voie. Il fera de grandes peintures décoratives qui racontent une histoire, l'histoire suisse de préférence.
6. Hodler retourne à Genève. Cette fois, il est bien accueilli. Les commandes affluent. Il peint des Guillaume Tell, des travailleurs en chemises, manches retroussées sur des bras noueux, des bûcherons, des lutteurs, des paysans. Il peint des scènes racontant les plus grandes batailles de l'histoire suisse, des personnages géants qui décorent les murs des bâtiments officiels: musées, mairies, palais… Il devient le peintre officiel du pays et connaît la gloire.
7. Hodler peut maintenant peindre ce qu'il veut. Tout le monde aime sa peinture. Il retourne à ses peintures de paysages, si mystérieuses, si symboliques dont les êtres humains sont absents.
8. Hodler est un amoureux de la nature. Il la peint comme on fait une prière: il célèbre sa beauté, sa profondeur, son mystère. Par petites touches en courbes ou parallèles, Ferdinand Hodler fait apparaître des cimes , des glaciers, des lacs, des chemins qui rappellent certaines toiles de Cézanne. Comme le peintre français, Hodler s'intéresse de plus en plus à l'harmonie des couleurs et de moins en moins aux personnages. A sa façon, Hodler qui meurt en 1918 annonce la peinture moderne du 20ème siècle.