1. Une grosse danseuse qui fait des exercices à la barre, avec une tête, des bras, des cuisses, un ventre et des fesses monumentales. Des musiciens joufflus, ventrus et dodus, le regard vague. Des instruments de musique déformés, comme gonflés … Bienvenue dans le monde du peintre, dessinateur et sculpteur, Fernando Botero.
2. Rien ne destinait pourtant le jeune Fernando au métier d'artiste. Né à Medellin en Colombie en 1932, Botero, passionné par la corrida, voulait devenir torero comme son oncle. La Colombie est en effet une ancienne colonie espagnole et a gardé certaines des traditions de l'Espagne comme la tauromachie. Mais rapidement, Fernando se détourne de cette pratique car les taureaux lui font peur. Plutôt que de les affronter, il préfère les dessiner.
3. Car Botero est doué pour le dessin. Dès l'âge de 15 ans, il dessine pour un magazine de Medellin, El Colombiano, et connaît un certain succès. Son idole s'appelle Diego Rivera. C'est un peintre mexicain très célèbre pour ses fresques murales d'inspiration précolombiennes. Qu'est-ce que cela signifie ?
4. Avant l'arrivée des Espagnols en Amérique du Sud, les peuples qui y habitaient, comme les Aztèques, les Mayas ou les Incas, avaient développé un art qui leur était propre et qu'on appelle «art précolombien». Les couleurs vives qu'on retrouve dans les peintures de Botero sont directement inspirées de cet art populaire précolombien remis à l'honneur par Rivera. Mais Botero sent bien qu'il doit beaucoup progresser s'il veut égaler son maître mexicain.
5. En 1952, il se rend donc en Europe pour véritablement apprendre le métier de peintre à l'académie San Fernando à Madrid. C'est un choc pour lui ! Il découvre en effet avec émerveillement les grands peintres espagnols que sont Vélasquez et Goya. Il est tellement fasciné qu'après ses cours, il se précipite au musée du Prado pour les copier. Il se rend ensuite à Paris où il visite le Louvre et découvre les grands maîtres comme Vinci. Il voyage ensuite en Italie. Sera-t-il un jour, lui aussi, un grand maître ?
6. Pas tout de suite. De retour en Colombie après trois années en Europe, il s'installe avec sa femme à Bogota, la capitale, mais sa peinture se vend si mal qu'il est obligé pour vivre de … vendre de pneus de voiture. Botero comprend alors qu'il lui faut trouver un style personnel et cesser de copier Rivera, Goya ou les maîtres italiens du Quattrocento.
7. Botero continue cependant à peindre après le travail et c'est alors que le déclic va se produire et changer sa vie. Laissons le raconter lui-même: «Je cherchais à dessiner une mandoline pour l'intégrer dans une nature morte et au moment de dessiner le trou au milieu de l'instrument, je l'ai fait beaucoup plus petit. Je me suis alors aperçu que ma mandoline, par un effet d'optique, prenait des proportions extraordinaires.»
8. Botero a enfin trouvé son style. Il va jouer avec les proportions donnant ainsi l'illusion que ses personnages mais aussi les objets de ses peintures sont grossis comme quand on se regarde dans un miroir déformant. En 1957, il se rend à Washington et expose pour la première fois ses tableaux aux proportions déformées. Cette fois-ci, le succès est au rendez-vous. Il ne le quittera plus. Botero est en effet aujourd'hui un des peintres contemporains les plus connus. Ses peintures aux couleurs vives, ses sculptures aux formes généreuses sont reconnaissables au premier coup d'œil.