Hip Hop et Street Art


Arrestation

1. « Monsieur, vous êtes en état d'arrestation. Vous avez le droit de vous taire. Tout ce que vous direz peut être retenu contre vous … ». Nous sommes en 1980 dans les couloirs du métro de New York. Un jeune homme vient de se faire arrêter pour dégradation de l'espace public car il a été surpris en train de dessiner à la craie d'étranges petits personnages sur les murs.

Pas un criminel

2. Cet homme est connu de la police qui l'arrête régulièrement. En réalité, il ne « dégrade » rien car il prend soin de ne dessiner que sur des emplacements publicitaires laissés vides. Ce n'est pas un criminel mais un artiste. Il s'appelle Keith Haring. Il a 22 ans. Il vient d'une petite ville américaine de Pennsylvanie, Kutztown.

Kutztown

3. Kutzdown est une ville conservatrice, ce qui veut dire que le changement est ici plus lent qu'ailleurs. Le jeune Keith ne peut le supporter car il veut vivre sa vie, son art et ses amitiés comme il l'entend. En 1978, il décide de tenter sa chance à New York, à deux heures de route. Là-bas, au contraire, tout va très vite et surtout, personne ne vous juge. Haring peut s'habiller à son goût, écouter de la musique Hip Hop et surtout vivre ses amours avec qui bon lui semble …

Culture underground

4. Haring s'inscrit dans une école d'art de l'East Village à Manhattan, la School of Visual Art . Il se forme aux nouvelles techniques de l'art contemporain, typiques de la culture artistique de cette époque comme les performances, les collages ou les graffitis de rue. L'une des caractéristiques de cette culture est en effet de rejeter l'art qu'on contemple dans les musées au profit de celui qu'on voit dans la rue ou dans le métro. On appelle cette culture, Underground parce qu'elle est ignorée de l'art officiel.

Pictogrammes

5. Haring se lie d'amitié avec d'autres artistes de l'Underground new-yorkais comme Jean-Michel Basquiat et surtout Andy Warhol, un des représentants les plus connus de la pop culture. Son style est cependant assez différent de ces derniers. Alors que Warhol aime détourner de leur fonction initiale des objets courants comme ses fameuses boîtes de soupe Campbell, Haring préfère dessiner des petits pictogrammes à mi-chemin entre le figuratif et le non figuratif.

Klee et Disney

6. Pour le non figuratif, il s'inspire de l'artiste suisse Paul Klee qui a dessiné de nombreux motifs mystérieux sur des fonds colorés. Pour le figuratif, Haring est plutôt du côté de la BD et des personnages de Walt Disney. C'est ainsi qu'il crée son fameux bébé radiant, un pictogramme de bébé, cerné par des petits traits, censés représenter des idées positives comme la vie, la joie et l'énergie.

Une star

7. Keith Haring est maintenant devenu une star et nul policier ne songe plus à l'arrêter. Avec son jean, ses baskets blanches, ses lunettes rondes, il fréquente le « tout Manhattan », c'est à dire les endroits branchés où on peut croiser des célébrités comme la chanteuse rock Madonna ou le mannequin Grace Jones.

Simple et généreux

8. Mais Haring, malgré sa célébrité, reste un homme simple et généreux. Il n'hésite pas à s'engager en créant gratuitement des œuvres spéciales pour les causes qui lui paraissent importantes comme la lutte contre le SIDA, la paix dans le monde ou la cause des enfants. C'est ainsi qu'il fait don d'une magnifique fresque qu'on peut encore admirer aujourd'hui à l'Hôpital Necker-Enfants malades de Paris. Atteint lui-même du SIDA, une maladie qu'on ne savait pas soigner à l'époque, Haring meurt en 1990, à l'âge de 31 ans. Se sachant condamné, il crée une fondation qui porte son nom pour venir en aide aux enfants et à tous ceux atteints de cette maladie. Généreux jusqu'au bout.