1. "Quand je vois toutes ces plantes étranges des pays exotiques, il me semble que j'entre dans un rêve.» Ainsi parle Henri Rousseau. C'est vrai que ses forêts sont mystérieuses, épaisses! Elles semblent totalement impénétrables. Les plantes, les feuilles, tout a l'air découpé dans du métal. Pour s'aider, car il ne sait pas très bien dessiner, il copie des images de livres pour enfants.
2. Henri Rousseau(1844-1910) est un petit bonhomme tout simple, sans culture artistique. Son métier ? Il contrôle les marchandises qui entrent dans Paris ... C'est pourquoi on l'appelle le Douanier. Il a presque quarante ans quand il s'intéresse à l'art. Il peint le soir et le dimanche, très sérieusement, en s'appliquant beaucoup, car il aime les choses bien faites.
3. Les fenêtres du bureau où Rousseau travaille donnent sur la Seine. Là, Rousseau voit les bateaux passer. Ils transportent des matériaux de construction, du charbon, du blé, du vin. Rousseau commence, tout naturellement, par peindre ce qu'il a chaque jour sous les yeux ...
4. Il n'a jamais quitté la France. Ses images tropicales, ses forêts vierges, ses jungles, son Amazonie, il les invente après des promenades au Jardin des Plantes. En 1884, Rousseau décide de copier des tableaux au Louvre. Cela devient une vraie passion, un rêve fou: il a maintenant l'ambition d'être un grand peintre. Malgré son faible salaire, il loue un atelier et, malgré son peu d'expérience, il expose au Salon des Indépendants, où n'importe qui peut accrocher des toiles.
5. Les siennes sont plutôt grandes et c'est pourquoi on les remarque. Quelques peintres apprécient les qualités de ses couleurs, mais la foule se moque, rit et danse devant ses tableaux qu'on trouve naïfs, c'est-à-dire enfantins...Mais le Douanier Rousseau se moque de ses moqueurs. Il est sûr d'avoir raison. Il va jusqu'à répéter qu'il est le plus fort des peintres de son époque. De jeunes écrivains commencent à dire du bien du Douanier mais il vend peu de tableaux, et à bas prix ! Il est couvert de dettes.
6. En 1908 un de ses amis organise la première et la seule exposition particulière de Rousseau. Malheureusement, personne ne vient, car on a oublié d'écrire l'adresse sur les invitations ! Peu de nuages, pas d'insectes! Tout est en ordre, comme dans l'imagination d'un enfant sage qui a bien rangé sa chambre. Mais on hésite avant de s'y aventurer. On sent que le danger nous guette. Des bêtes se cachent, des yeux nous observent. Le silence est percé par des cris. Il y a quelque chose de mystérieux dans l'air.
7. C'est trop beau pour être vrai ! As-tu remarqué que sa manière de traiter la perspective lui est très personnelle ? Regarde: les feuilles du haut des arbres sont souvent les plus grosses. Ce devrait être le contraire. Puisqu'on les voit de plus loin, elles devraient être plus petites.
8. Le lion berce-t-il le sommeil de la bohémienne endormie ? Ou bien va-t-il la manger ? Peut-être qu'il n'existe pas. Peut-être qu'il apparaît seulement dans le rêve de la jeune fille. On dirait une image pour illustrer un conte, pour apaiser un petit enfant qui pleure. On dirait un tableau pour inventer, pour raconter une histoire. C'est pas du vrai ! On dirait un coin de Paradis, avec un ciel tout pur, une rivière qui coule, des montagnes au loin. Il y a aussi de la musique et une robe taillée dans un arc-en-ciel. Le lion semble apprivoisé. C'est presque un jouet, comme un nounours.