L'extravagant maniériste


Un peintre théâtral

1. Rapide, agressif, fantastique, inventif, extravagant, théâtral, audacieux, énergique, minutieux ! Autant de qualificatifs que les historiens de l'art attribuent communément au peintre vénitien du 16ème siècle, Le Tintoret. Qui est ce peintre ?

Couleurs vives

2. Jacob Robusti est né à Venise en 1518 mais il est connu sous le nom du Tintoret qui vient de l'italien Tintoretto, voulant dire le petit teinturier. Son père exerçait en effet la profession de teinturier de tissus de soie. Très tôt donc, le jeune Jacob est familiarisé avec le jeu des couleurs et des pigments et cela aura de grandes conséquences sur son style très coloré de peinture. Très doué pour le dessin, il s'exerce dès son plus jeune âge à reproduire les dessins de Michel-Ange (1475 - 1564) pour qui il nourrit une folle admiration. Couleurs vives et dessins parfaits, deux éléments qui accompagneront Le Tintoret au cours de sa longue vie d'artiste (il meurt en 1594, à 76 ans).

Titien

3. A l'âge de 12 ans, le talent du Tintoret est déjà si bien reconnu qu'il est autorisé à entrer comme apprenti dans l'atelier de Titien. Ce dernier est en effet LE maître incontesté de la peinture vénitienne, l'égal de Léonard de Vinci à Florence. Le Tintoret est fasciné par la puissance de l'œuvre de Titien. Il admire particulièrement ses fresques représentant des scènes religieuses qui décorent les églises de Venise. Il apprend vite et même très vite. Titien a remarqué cet apprenti trop doué et il en conçoit de la jalousie. A ses yeux, Le Tintoret n'est pas un élève mais déjà un rival. Il le renvoie.

Venise

4. Le Tintoret est contraint de s'installer à son compte en créant son propre atelier. Les débuts sont difficiles car Titien est influent à Venise. Il s'arrange pour que les commandes n'arrivent pas à son ancien élève. Mais heureusement, la république de Venise est si puissante, elle possède tant de richesses, tant de palais et tant d'églises qu'il y a du travail pour tout le monde. Petit à petit, Le Tintoret se fait une place.

Saint Marc

5. Le premier grand chef-d'œuvre du Tintoret, celui qui va asseoir sa réputation, démontrera qu'il n'est pas seulement un artiste talentueux mais aussi qu'il est très malin. En effet, en 1548, il dévoile un tableau qui ne peut que plaire aux Vénitiens: Le miracle de l'esclave. Ce tableau est organisé comme une scène de théâtre avec de multiples personnages. Il raconte l'histoire de Saint Marc sauvant la vie d'un pauvre esclave chrétien condamné à mort par son maître païen. Or Saint Marc est le saint patron des Vénitiens depuis le 9ème siècle.

Tableaux gigantesques

6. Les Vénitiens, sans rejeter le vieux Titien, voient avec bonheur qu'ils ont un nouveau grand peintre. Les commandes affluent. Palais et églises se couvrent des peintures du Tintoret. Ce dernier compose des tableaux gigantesques, remplis de centaines de personnages. Les éclairages, les coloris, les jeux de perspective, l'architecture, les décors, les vêtements, les détails, tout est minutieusement pensé.

Deux œuvres marquantes

7. Deux œuvres sont particulièrement marquantes: La Cène (1568) représentant le dernier repas de Jésus avant sa mort et Le Couronnement de la Vierge (1594) où l'on voit l'arrivée de la Vierge Marie au Paradis.

Véronèse

8. Pour satisfaire une demande toujours plus importante, Le Tintoret travaille vite. Contrairement à Michel-Ange, il ne dessine pas d'esquisses mais peint directement ses personnages à grands coups de pinceaux avec des gestes amples. Certains, comme son jeune confrère, le peintre Véronèse (1528 - 1588), lui reprocheront « son manque de fini. » Un nouveau rival ?